Dans la torpeur de l’été, j’ai oublié de vous causer de cette petite trouvaille estivale, j’ai nommé, le charmant Lannick Gautry. Ce nom vous est probablement inconnu, et pourtant, sa gueule d’ange, qui illumine le petit film « Nos jours heureux », sorti au mois de juillet (mais encore dans quelques salles) gagne à être connue.
Au passage, pour tous ceux qui (comme moi) ont experimenté ce job d’été ingrat épuisant bien épanouissant, de moniteur (trice) de colonies de vacances, je le recommande chaudement. Bien sûr, les auteurs ont cru nécessaire de faire tenir dans le film toutes leurs anecdotes sur les camps de vacances, et de stéréotyper outre mesure monos (la psychopathe, le tombeur, le « toujours prêt », le rigolo, la bombasse incompétente, etc …) et colons (le petit qui pleure sa mère pendant 15 jours d’affilés, les casses-noisettes qui t’assomment en permanence de leurs questions existentielles, les brise-fer, les minettes qui essaient de draguer les monos, etc …). Mais je ne leur jette pas la pierre, j’aurais fait pareil !
Il est donc impossible de ne pas avoir un sourire aux lèvres devant les personnages, les situations, qui évoquent forcément des souvenirs. Je me suis remémorée pleins de moments, qui feraient de chouettes posts, ça fait un peu « ancien combattant » des colos :
:: comment les enfants (sur mes conseils) ont mal monté la tente au cours d’un biouvac, qui s’est effondrée sur leurs têtes pendant la nuit, en plein orage,
:: comment j’ai reçu des dizaine de coups de fils (ingérables) des parents outrés (et ingérables aussi), parce que les abrutis de l’école de surf avaient emmené mon équipe d’ados en rut (12-15 ans, les pires) sur une plage naturiste des Landes pour une initiation (au surf, pas au naturisme),
:: comment j’ai confisqué les colis de bonbons d’un gosse insupportable, pour les dévorer avec le reste de l’équipe d’animation, la nuit venue (j’ai presque honte …),
:: comment j’ai fait pleuré un gamin, qui me soutenait mordicus qu’il m’avait confié ses 100 FF d’argent de poche, et moi qui lui disait que « non absolument pas tu te trompes » (j’ai retrouvé l’enveloppe que m’avait amoureusement confié la mère au fond d’un sac, la veille de la fin de la colo),
:: comment je me retrouvais systématiquement réveillée à 6h30 du matin par les 3 petits du camp (6 ans en moyenne), qui pleuraient à ma porte, tous morveux et les cheveux en bataille pour qu’ils puissent venir dormir avec moi (et le pire, c’est que je les prenais avec moi dans le lit 1 place, juste pour essayer de finir ma nuit),
:: comment au cours d’une soirée trop arrosée, après le couchage des enfants, l’ensemble de l’équipe d’animation s’est retrouvée à oualpé dans la piscine (je vous passe la suite, mieux que Loana & Jean Ed dans le Loft),
:: comment un gamin, que j’avais obligé à faire aérer son duvet au grand air, s’est retrouvé dans l’impossibilité d’utiliser le dit duvet la nuit venue (en bivouac à + de 1.000 mètres d’altitude tout de même, fait un peu froid …), car une vache savoyarde du champ d’à côté l’avait entre-temps honoré d’une bouse apocalyptique (je me souviens avoir hurlé de rire pendant 1/4 d’heure, pendant que le gamin pleurait la perte de son duvet …),
:: comment les ados de mon groupe (les affreux 12-15 ans, en pleine crise hormonale) m’ont surnommé « Terminator », au cours d’un camp particulièrement tendu, où je levais de force les « fortes têtes » à 7h pour faire un footing avec moi (qui n’en avait pas plus envie qu’eux, mais fallait pas me chercher),
:: comment je me suis endormie avec les enfants dans un dortoir pendant une sieste, et que je me suis réveillée 2 heures plus tard, complètement seule, tous les gosses ayant profité de mon semi-coma pour s’égayer partout dans et autour de la colo,
:: comment j’ai fait faire le tour de toutes les chambres à un sale gosse (14 ans), nu comme un ver, y compris les chambres des filles (ouais je sais, c’est cruel, mais fallait pas me chercher), parce que tous les soirs, au moment du coucher, il se plaisait à jouer johnny guitarre avec son petit kiki devant moi,
:: comment, entre membres de l’équipe d’animation, c’était l’orgie sexuelle permanente (j’exagère à peine), dès que les gosses étaient au lit ….
Bref, mille et un souvenirs se sont égayés à la vue de ce film, et c’était une jolie madeleine de Proust. Dans le lot, je retiens donc le serial fucker de service, bo gosse à la mèche savamment travaillée (mais aux chicots un peu de traviole et grisous à mon goût), mais en fait (au fond) tourmenté et complexé. Lannick Gautry, je le retrouverais bien, lui, les colos de mes 18 ans, et une piscine désertée par une nuit de pleine lune ….
PS : qui a dit qu’il ne me confierait jamais ses gosses ? j’étais diplômée du BAFA moi 🙂