Aujourd’hui, l’Héritier a 2 ans.
Putain 2 ans. Déjà.
Pour fêter ça, tout à l’heure, je l’ai collé dans son bain … avec ses chaussettes.
Fatiguée, je suis fatiguée, c’est indéniable.
Je m’en suis pas tout de suite rendu compte. Il m’a fixé d’un oeil noir, et du coup, j’ai pigé. J’ai rigolé bêtement en les lui enlevant. Un rire un peu jaune. Du coup, je me suis rendue compte de ce que devait être le regard d’un enfant sur des parents décevants. Je ne veux pas être de ceux-là. Parce que je ne supporterais pas ce regard, vaguement apitoyé, un poil déçu. (Bon j’exagère, l’Héritier n’a pas mis tant d’intentionnalité dans son regard, mais chuis un peu sensible là. La fatigue la fatigue la fatigue.)
Généralement, j’assume. Je travaille, je me déplace, beaucoup parfois, et ça me plaît. Avec son père, nous faisons en sorte qu’il y ai le plus souvent un de nous deux, cela se fait au détriment très net de notre vie de couple à nous deux, mais on l’a choisi. Et quand aucun des deux n’est présent, il est chez mes parents. Je me plais à croire qu’il n’est pas malheureux. Parce qu’il est entouré par des gens qui l’aiment fort. Mais ce ne sont pas ses parents.
Pour l’instant, il s’exprime assez peu. Mais je crains que quand il le fasse, il me le reproche, mon absence récurrente, mon investissement dans ma vie professionnelle. Parfois, quand je pars un peu plus longtemps (deux ou trois jours de rang, plutôt que les nuits à droite à gauche que j’organise de préférence), il me fait un peu la gueule. Ou au contraire, il me dit « caliiiin« , d’une toute petite voix, et se blottit dans mon cou, comme un petit animal, et reste là, immobile pendant plusieurs dizaines de secondes, lui qui en général ne tient pas en place 2 minutes. Ce sont des moments doux et amers à la fois. Doux parce que je me dis que c’est aussi l’absence qui crée le charme de ces retrouvailles. Amers parce que je me dis que peut être il souffre au quotidien de mon absence.
C’est d’une banalité la culpabilité des mères qui travaillent. Mais qu’elle est lourde à porter parfois, quand la fatigue se fait sentir, et surtout, quand on se rend compte, que l’on arbitre de son temps et de son énergie pour des gens / des projets qui n’en valent pas toujours la chandelle, au détriment d’un petit gars de deux ans qui a besoin de vous.
Ou pas. Parce que finalement, quelle prétention je trouve de croire que je lui suis vitale. Je dois l’aider à se construire, et à se construire seul aussi, c’est ma conviction. Conviction à moitié ebranlée quand je le vois tout nu avec ses chaussettes dans la baignoire.
A part ça, l’Héritier, il a tout de même reçu un Zoo LEGO pour son anniv. Ca coûte un bras cette affaire (le prix de la culpabilité sans doute ?). Mais GROS GROS SUCCES.