La nouvelle ne vous aura pas échappé (c’est vrai, c’est pas comme s’il y avait d’autres sujets d’actualité notables ces derniers jours, hein), le Nevada a autorisé l’ouverture du premier bordel à destination des femmes. Peuplé d’hommes donc (enfin, après vérification, pour l’instant ils n’en ont recruté qu’un pour satisfaire ces dames).
C’est une question sur laquelle il faudrait que je m’épanche un jour … vous remarquez, je fais souvent le coup, j’effleure les sujets, en disant que je vais y revenir, mais en fait non, je le fais jamais, je suis une bloguallumeuseje. Donc, en un mot comme en cent, je suis favorable à l’exercice d’une prostitution réglementée. Bonjour le pavé dans la mare. Allez y, lancez les caillous.
La situation de la France (et de bien d’autres pays) m’a toujours parue d’une hypocrisie crasse. Il est certain que le plus vieux métier du monde a encore de beaux jours devant lui, et s’il existe, c’est qu’il rend service à certaines franges bien spécifiques de la population. Surtout, sans même aller discuter de la légitimité de la profession, le cadre dans lequel elle est contrainte de s’exercer en France me choque profondément. Que l’on poursuive les prostitué(e)s, rarement leurs maquereaux (un peu leurs clients), que l’on taxe leurs revenus sans leur faire bénéficier d’un cadre légal d’exercice, sont autant de rouages d’un système qui me choque beaucoup.

L’ouverture de maisons closes (c’est intéressant comme formule) n’est peut être pas la panacée, pour autant, je suis curieuse de savoir ce qu’elle va donner dans l’Etat du Nevada, surtout en s’adressant à un public féminin (parce que les maisons closes sont autorisées depuis longtemps dans cet Etat).
Agnès émet quelques doutes sur ce « lancement » auprès d’une cible féminine, prenant la mesure des échecs passés dans son post. Si vous vous aller jeter un coup d’oeil à la marchandise déjà disponible, c’est par là. Et là aussi. A titre personnel, je n’ai pas eu l’occasion de m’interroger sur un possible recours à des amours tarifées (enfin, du moins l’Epoux ne m’a jamais facturé).
Par contre, j’ai eu l’occasion d’être choquée par la « consommation » de prostituées (en Europe, et en Amérique du sud), par des hommes de 20 / 25 ans, éduqués et argentés, issus de mon entourage. Je me suis surprise à penser « tiens, mais quelle idée ils ont eu d’aller aux putes, il leur suffirait de draguer en boîte pour lever une minette sans trop de difficulté » (ce qui est aussi l’argument dans le post d’Agnès : les femmes préfèrent séduire pour arriver à leurs fins, plutôt que de payer). Et effectivement, pour moi la prostitution, dans mon « imaginaire », c’est avant tout un recours pour ceux qui ne peuvent avoir au marché de la séduction, pour diverses raisons (je pense aux handicapés, mais aussi à des personnes isolées, sans lien social, ne parlant pas la langue du pays où ils se trouvent, ou âgées, ou physiquement pas aidées, etc.). C’est à ce titre là que je juge donc que le métier de travailleur du sexe est d’utilité publique.
Au fil du temps, en écoutant certains « consommateurs » (pas que j’en connaisse tant que ça dans mon entourage, mais j’ai aussi lu pas mal à ce popos), j’en suis venue à me demander s’il n’est finalement pas plus honnête de pratiquer du sexe tarifé, à vocation « hygiénique », plutôt que d’utiliser des moyens détournés (la séduction), pour finalement en tirer le même type de bénéfice (du cul du cul du cul). En disant cela j’avance sur des oeufs, parce que le raccourci est vite fait, de me faire dire qu’en gros si on a juste envie de tirer un coup, autant payer.
J’ai parfaitement conscience que deux personnes peuvent pratiquer du sexe à vocation uniquement récréative, sans que l’une des deux parties ne sente lésée, oui oui. C’est d’ailleurs une pratique très courante chez une partie de la population gay, via les bars, saunas, sites de rencontres. Je suis d’ailleurs toujours impressionnée par leur capacité à faire la part des choses, entre le cul et la séduction, les rapports amoureux, là où nous nous embourbons souvent dans un mélange des genres teinté d’une bonne part d’hypocrisie.
Tout cela évolue beaucoup, et je sais que les rapports hétérosexuels se construisent de plus en plus comme cela, en séparant les genres, même si j’ai le sentiment que c’est une règle bien mieux assimilée par les messieurs que par les dames. Qu’on vienne pas encore me taxer de mysandrie hein. Petit exemple que vous connaissez tous : pourquoi autant de gars pipeautent leur profil Meetic ou autres, en disant qu’ils recherchent l’âme soeur, alors qu’ils veulent juste tirer un coup ? parce qu’ils savent pertinamment qu’ils attireront plus le chaland avec un profil orthodoxe de mari potentiel qu’avec celui qui a clairement écrit braguette sur le front.
Bref, je m’égare un peu, il reste que le débat est probablement pas adulte par chez nous. Une partie s’arqueboute (avec des raisons valables) sur les questions d’exploitation des personnes, de violences faites aux femmes, et ne permet pas d’envisager le commerce du sexe comme un commerce comme un autre, alors même que des gadgets érotiques, des publications diverses (bouquins, vidéos) à caractére pornographique, sont en vente libre. Pourquoi n’aurait pas t on le droit de vendre un rapport sexuel ? j’avoue que la question m’échappe, une fois résolue la question du libre consentement, du droit à choisir ses clients, les conditions et les limites de l’exercice.
Sinon pour ceux que le débat intéresse, je consulte aussi le site iprostitution (j’ai de saines lectures, je sais). Si vous connaissez d’autres sources (sérieuses, parce que si c’est juste pour jouer avec la veuve poignet, ça compte pas), n’hésitez pas à faire partager.